• Pourquoi conduire l'OCP à la faillite

    Polémique: Veut-on torpiller le «nouvel OCP»?

     Par le journal Hebdo du 02 juin 2007
       
    Première salve de Katioucha contre Mostafa Terrab dans la presse. Le quotidien “Al Ahdat Al Maghribiya” n'y est pas allé de main morte pour dénoncer ce qu'il prétend être une gabegie sans nom de la première entreprise du pays au point de se demander s'il n' y aurait pas un complot ourdi par des forces occultes pour la mettre en faillite dans l'objectif de la...privatiser. Première remarque qui vaut d'être soulignée : pour privatiser une entreprise, il faut la valoriser au mieux et non la mettre à genou. Tout financier un tantinet logique vous le dira. Que se passe-t-il donc dans cette entreprise à l'opacité plus que légendaire ? Depuis 80 ans qu'elle existe, très peu d'informations financières en ont filtré. Toutes classées secret défense au nom d'un secteur phosphatier considéré aussi stratégique que politiquement sensible. Si le Palais a fait appel à celui qui a mené l'opération de cession au privé la plus transparente et la plus fructueuse qu'a connue le Maroc, (l'octroi de la seconde licence GSM à Meditel pour 1,1 milliard de dollars), ce n'est certainement pas pour pérenniser les pratiques du passé. Mais la rupture a un coût politique que le Pouvoir devra assumer jusqu'au bout. En arrivant aux commandes de l'OCP, Terrab initiera un audit de prise de fonction, exerçant ainsi un droit d'inventaire nécessaire à une réforme d'envergure. Au bout de quelques semaines d'investigation, le cabinet Kroll Associates donnera son verdict : aucun indicateur de gestion n'existait. En résumé, le prix de revient des produits exportés n'était pas connu, autorisant ainsi des ventes aux marges pifométriques. Il aura donc fallu, selon une source autorisée, séparer le commercial du financier, créer une direction marketing, une autre dédiée à la communication, instaurer une comptabilité analytique, réviser les équilibres avec les joint-ventures à l'international, rationaliser l'intermédiation du trading etc..., avec à la clé, assure-t-on, des gains substantiels en termes de revenus nets. Au passage, cette politique a eu des répercussions sur les équipes en place, dont certaines, résistantes au changement, ont dû être kärchérisées pour la cause. Le ton de l'article d'“Al ahdat” aux relents syndicaux s'expliquerait ainsi par les conséquences de ce chambardement, au risque de donner du grain à moudre au Polisario qui en a fait un exemple du capitalisme prédateur au Sahara. L'article fait état de chiffres réels (et jusqu'ici confidentiels), comme les fameux 32 milliards de dirhams du trou de la sécu des phosphates. En fait, il s'agit du coût nécessaire à son externalisation à la caisse de retraite RCAR. Une somme que la trésorerie de l'OCP ne peut combler (elle n'est que de 9 à 10 milliards de dirhams). Solution envisagée : une recapitalisation par l'Etat qui comblerait les 22 milliards nécessaires à la seule condition de voir enfin l'OCP se transformer en société anonyme, à l'instar du processus qui a prévalu à la réforme de certains offices et de Maroc Telecom. Cette SA pourrait alors s'ouvrir au marché financier (émissions obligataires, etc...) et, cerise sur le gâteau, publier pour la première fois de son histoire des bilans. A terme, l'ensemble OCP pourrait, sans verser majoritairement dans le privé, ouvrir son capital à l'épargne publique via la Bourse (ou tout au moins celui de ses filiales). Un processus de normalisation et de transparence qui ne serait pas du goût de tous. De ceux qui en ont fait une pompe à fric et de ceux nostalgiques des grandes planques de l'Etat rentier.
    A. A.

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